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La dépréciation de la gourde face aux devises étrangères, en particulier le dollar US




écrit par: Maxi Cliford


On assiste depuis quelques temps à la détérioration de la gourde par rapport au dollar. En moins de quatre ans, la gourde est passée de 62.69 à 108.15, soit de 2017 à nos jours. Ce phénomène est la résultante de la méchanceté des institutions financières haïtienne en complicité avec l’État haïtien et non de la faiblesse de la production et de la confrontation de l’offre et de la demande sur le marché de change.


On n'a pas besoin d’être économiste pour constater que l’inflation déjà galopante fera son petit bonhomme de chemin et à un rythme encore plus effréné après la Covid-19. Alors, pour ceux qui ne sont pas trop proches de la science pour comprendre les raisons de cette situation, on peut essayer de partager quelques idées afin de voir de quoi il en est et, ce qu’on peut faire pour y rémédier.


En dehors de la faiblesse de la production nationale, on est en train de constater la méchanceté des institutions financières dans la hausse du taux de change. On peut constater que de 2000 à 2010 soit dans une décennie, le taux de change est passé de 28,33 à 39.94 gourdes pour un dollar. Tandis que de 2017 à nos jours ,soit en moins de 3 ans ,le taux de change passe de 62.69 gourdes à 108.15 gourdes pour un dollar (voir www.brh.ht, évolution du taux de change…). La faiblesse de la production nationale est-elle donc le seul facteur déterminant de cette variation?


En effet, on doit se pencher sur le mécanisme de la variation du taux de change en Haïti. Certains vont dire que c’est l’économie de marché, pour faire ressortir la loi de l’offre et de la demande et du coup, parler du régime du taux de change flottant. Toutefois, cette loi n’est pas utilisée dans toute sa globalité quand il s’agit du marché monétaire. En général, les banques centrales associées, liées ou « soumises » au pouvoir politique, quel que soit l’État-nation, ont le monopole d’émission de la monnaie, ce qui implique que la loi de l’offre et de la demande est arbitrairement modifiée en fonction des orientations de la politique économique de ces États-nations. La Banque de la République d’Haïti (BRH), ayant tout ce pouvoir, n’est-elle pas la véritable responsable de cette variation galopante? On est d’accord qu’une partie considérable des produits de première nécessité font l’objet d’importation dans le pays, ce qui implique qu’on a de plus en plus besoin de devises étrangères pour réaliser les transactions. Ainsi, on a une demande assez considérable de devises étrangères, alors pour trouver le dollar, la banque centrale exige un taux dit taux de réserve obligatoire, lequel instrument peut être utilisé pour injecter de la monnaie dans l’économie. Une autre façon de constater l’injection de la devise étrangère dans l’économie, c’est par le biais des dons que nous ne manquons pas de recevoir ces derniers temps. Pour finir, il y a les transferts qui représentent environ 20 milliards de dollars au cours de la dernière décennie (2010-2019) (voir l’article publié dans les colonnes de le nouvelliste du 10 janvier 2020, par Patrick Saint-pré). À cet effet, on se demande pourquoi la montée du dollar est facteur aussi déterminant de l’inflation? Les prix des produits de première nécessité tels que le riz et l’huile de cuisine, pourquoi ont-ils triplés sur le marché local, alors qu'ils ne changent pas sur le marché international au même rythme? Pourquoi le pouvoir d’achat des salariés diminue à ce niveau?


La réponse à tout cela est la méchanceté des institutions financières et le laxisme de la BRH. Ces institutions se font le plaisir d’acquérir très rapidement chaque quantité de dollars émise dans l’économie et créer ce qu’on peut appeler une rareté artificielle du dollar. Vous ne vous êtes déjà présenté dans une maison de transfert pour recevoir de l’argent, et qu’on vous dit qu’il n’y a pas de dollar? Vous ne vous êtes jamais demandé où est passé le dollar? Alors aujourd’hui vous le savez, c’est un cercle mafieux contrôlé par les magnats du secteur bancaire dont l’État est le complice. La BRH doit prendre des mesures consistant à éliminer cette rareté artificielle sinon, dans très peu de temps, on va avoir besoin de 500 gourdes pour un dollar.

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