Les masques, nouvel accessoire indispensable contre la pandémie
- Ret Enfòme
- 9 mai 2020
- 3 min de lecture

Utilisé en Asie depuis longtemps, les pays occidentaux découvrent l’utilité de porter un masque pour éviter la propagation des maladies contagieuses. Un curieux accessoire vestimentaire à choisir et porter, mais pas n’importe comment. Un nouveau marché également. Innovatex, société vendéenne, fait partie du lot des sociétés qui ont décidé d’innover pour mieux se protéger.
« Bonjour, je suis tapissier et avec des chutes de tissu je fabrique des masques. On suit les recommandations de l’Afnor (Association française de normalisation). » La scène se déroule à l’entrée d’une maison en pleine campagne dans une France qui se mobilise pour s’équiper en masque face au coronavirus.
Initiatives personnelles, entreprises qui modifient leur business model, ils sont nombreux en France à se regrouper pour fabriquer des masques. C’est le cas d’Innovatek la société vendéenne de Yannick Gaudin qui déploie depuis peu son savoir-faire dans cette fabrication spécifique.
Symbole d’une prise de conscience nationale, le nouveau métier de Yannick Gaudin est aussi le résultat d’un cheminement personnel tout autant que professionnel. Contrôleur qualité dans des ateliers pour la haute couture en Vendée, détenteur d’un brevet pour les manches à air dans l'aéronautique, il a tout de même hésité : « J’ai été sollicité au début de la pandémie, mais j’ai alors dit non. » Il marque une pause : « Puis mon père est décédé dans un Ehpad, alors j’ai monté un collectif autour de la fabrication d’un masque. Je n’avais pas envie de réaliser un produit dans l’urgence avec un patronage donné. J’ai procédé comme j’ai toujours fait dans l’innovation textile, en collaboration cette fois avec des médecins locaux, des chirurgiens. »
Il a pris son temps : « J’ai d'observé ce qu’il se fait, j’ai aussi étudié les textes officiels pour valider ensuite les matières premières pour la filtration. L’étanchéité est importante, beaucoup de professionnels réclament un réel maintien alors le design se doit d’être fonctionnel. »
Créer des masques c’est un process qu’il a donc suivi à sa façon, selon son tempérament : « Pour les particuliers, c’est un peu : on fait avec ce qu’on a sous la main. Quant à moi, je tenais absolument à passer par une validation de la DGA (Direction générale des armées). » Il ajoute : « Je suis contre les masques jetables qui représentent une catastrophe sanitaire et écologique en cours. »
Catégorie 1, un degré de filtration supérieur à 90%
Alors il est fait comment ce masque ? « Il a deux couches, une en polyester fournie par un fabricant lyonnais de tissu. Le masque est de catégorie 1, cela signifie un degré de filtration supérieur à 90%. Et il y a une autre matière à l’intérieur, qui provient du monde du sport, pour drainer la vapeur d’eau. Une maille : ajourée et micro perforée, avec un drainage vers le bas qui vient d’Italie, car ici on ne sait pas faire. »
Yannick Gaudin se félicite du résultat : « On a visé le niveau de confort maximal grâce à notre collectif. On m’a dit : si tu veux faire un masque : fais un masque de chirurgien, un chirurgien ça opère avec des lunettes. C’est donc un autre type de patron que j’ai détaillé, en prenant soin à la filtration et la respirabilité. Il a des attaches derrière la tête, car aux oreilles c’est irritant. Et un masque pas confortable c’est pire que tout ! On peut finir par se le mettre sur le front. »
Il continue, un peu incollable sur le sujet maintenant : « Il est lavable à 60°, livré avec pochette plastique plus notice d’utilisation et entretien. C’est indispensable de faire aussi bien que l’Afnor voire au delà, car il faut bien expliquer comment porter un masque, personne ne le savait avant la pandémie. C’est détaillé dans une fiche explicative en se procurant les masques. La fabrication est réalisée en Vendée, par des couturières et des façonniers. Avant ils étaient occupés par de la dentelle et des robes, mais tout s’est arrêté dans le prêt-à-porter, ils sont dans les masques maintenant. »
Yannick Gaudin a son style : « On travaille par collection, avec des artistes locaux qui nous proposent des motifs. » Mais là encore pas n’importe comment, car: « On ne fait surtout pas de l’impression, car le jet d’encre bloquerait la filtration. C’est de la sublimation sur le polyester par transfert à 198° C’est réalisé localement dans un atelier proche. C’est notre première collection. » Il sourit : « Vraiment, on n’est pas cher par rapport à des masques à cinq euros qui sont une catastrophe bien souvent. » Le kit deux masques est à 26 euros. Et il conclut : « J’ai déposé ma marque, Bleu Blanc Mask. On s’inscrit sur la durée, pour la suite des événements, car il y aura forcément d’autres grippes ou épidémies. »
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