L’augmentation du salaire minimum : moins d’un an après. Quel impact ?
- Ret Enfòme
- 14 juin 2020
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Dernière mise à jour : 19 juin 2020
Depuis l’apparition coronavirus, la précarité socio-économique ne fait que s’aggraver. Les indicateurs macroéconomiques ne cessent de se détériorer. Le chômage, l’inflation, le taux de change, les salaires réels, le taux croissance, etc. évoluent désastreusement. Dans un tel contexte, les salariés sont les grandes victimes, en particulier les ouvriers. Durant ces trois dernières années, deux arrêtés sont venus fixer le salaire minimum des ouvriers dans plusieurs segments. Mais cela n’a rien résolu.

On peut qualifier la décision de politique étant dans le contexte dans lequel elle a été prise. Mais le tableau suivant nous montre qu’il a eu des progrès quoique je me sois abstenu de ne pas présenter les salaires minima pour les segments avant l’arrêté du 25 juillet 2017. On peut questionner le progrès de manière réellement. Mais il y en a.
À deux reprises, le président de Jovenel Moïse a pris la décision d’augmenter le salaire minimum. Est-ce un bon choix? Avant cette décision les salaires fluctuaient entre 200 gourdes et 440 gourdes et maintenant ils sont entre 250 gourdes et 550 gourdes.
Conjoncturellement, la décision est bonne avec la montée des prix, car il faudrait quand même penser à augmenter le salaire de ces groupes qui sont très vulnérables. Mais cela ne suffit. Dans un pays où l’accès à l’éducation, à la santé, à l’alimentation, aux loisirs devient de plus en plus luxueux. Ce salaire ne pourra pas leur permettre d’avoir accès à ces services quoique ces derniers soient presqu’inexistants. Pour que cette mesure soit efficace, elle doit être accompagnée de mesures structurelles si réellement le gouvernement veut améliorer les conditions de vie de ces catégories.
Depuis quelques temps, la montée des prix des produits de premières nécessités et le taux de change rendent de plus en plus difficiles la vie des catégories les plus précaires. À côté des situations d’insécurité qui se prolifèrent dans presque tous les départements du pays.
L’augmentation du salaire minimum est une bonne chose. Mais ce serait une illusion de penser qu’elle pourra permettre à ces personnes de vivre ou que cela suffit pour améliorer leurs conditions de vie. Il faut donc l’accompagner des mesures structurelles.
Cependant, il y a un piège dans cette décision. Le fait d’augmenter le salaire, d’une part, implique une augmentation des coûts de production. Ce dernier va réduire les profits des entreprises et ralentir les investissements donc l’emploi. D’autre part, cela va augmenter le revenu de ces groupes de ménages qui vont faire pression sur le marché. Donc les prix vont augmenter ainsi que le taux de change puisque la plus grande part de notre demande intérieure est satisfaite par l’importation.
Faisons une analyse de cette augmentation en dollars, présentée au tableau ci-dessus, afin de voir au moins de façon réellement les variations. Calculer à partir du taux de 77.1881 de la BRH au 31 décembre 2018 et le taux de 95 gourdes pour un dollar.
On constate de faible amélioration du salaire des ouvriers en dollars. Si à la date de l’augmentation en 2019 les ouvriers possédaient nominalement plus de dollars qu’en 2017, ils sont par contre plus pauvres aujourd’hui. Ils sont plus pauvres qu’en 2017. En moins d’un an les ouvriers ont reculé de trois ans. C’est situation est la conséquence de la mauvaise gestion gouvernementale, de politique économique inappropriée à travers des budgets fourre-tout sans aucune prise en compte de la réalité socio-économique.
James Edmoncardy Désimo
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