Haïti: condamnations après des bavures policières contre un journaliste
- Ret Enfòme
- 9 mai 2020
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 26 mai 2020
Texte Par: Syvestre Rebecca

C’est à la Une du Nouvelliste. D’après le rédacteur en chef de ce journal de Port-au-Prince, cette affaire a été très médiatisée car la scène a été en partie filmée. Une vidéo qui circule sur les réseaux sociaux montrant le journaliste, menotté avec le visage ensanglanté, a obligé le gouvernement à réagir.
Que s’est-il passé ? Le récit est à lire dans le Nouvelliste. Mardi dernier, des agents de la police ont agressé le journaliste Georges Allen, présentateur de Radio Télévision Caraïbes, à Delmas, près de la capitale Port-au-Prince. C’était aux alentours de 20h. Les policiers ont reproché au journaliste d’avoir violé le couvre-feu mis en place par le gouvernement pour lutter contre la propagation du coronavirus. Mais Georges Allen était en possession d’une autorisation que les agents ont jugée non valable. Lorsque le journaliste a voulu récupérer son téléphone que les policiers lui avaient pris, les agents ont commencé à le tabasser, raconte le présentateur dans les colonnes du Nouvelliste. Cette affaire a été très médiatisée, explique Frantz Duval, qualifiant la bavure de « violence gratuite et inutile ». Le rédacteur en chef rappelle que ce n’est pas la première fois que ce genre de bavure se produit. « Les policiers sont très agressifs à la tombée du couvre-feu pour faire rentrer des gens », explique Frantz Duval. Cela a déjà été dénoncé par plusieurs personnes. D’après le rédacteur en chef du Nouvelliste, il s’agit d’un couac de communication entre le gouvernement et les responsables des forces de l’ordre. Lorsque le gouvernement a mis en place le couvre-feu, il a probablement oublié d’informer la police que certaines professions n'étaient pas concernées par cette mesure. À cela s’ajoute un climat hostile à la police dont certains membres sont impliqués dans des manifestations violentes, ajoute Frantz Duval du Nouvelliste. Le rédacteur en chef rappelle qu’Haïti a encore perdu des points dans le classement de l’organisation Reporters sans frontières (RSF) concernant la liberté de la presse. Le pays recule de 21 places et occupe actuellement la 83e place sur 180 pays. RSF, citée par le Nouvelliste, parle d’un « environnement de travail dangereux et précaire » pour les journalistes haïtien. La population s’oppose à l’installation de nouveaux centres de dépistage En Haïti, qui compte ce jeudi 30 avril 76 cas confirmés et 7 décès (sur 776 personnes testées), la population s’oppose à l’installation de nouveaux centres de prise en charge des patients Covid-19. C’est le cas à Delmas et à Miragoâne, où les habitants ont protesté contre l’ouverture de ces centres. Selon le Nouvelliste, « les responsables de l’hôpital Bernard Mevs ont dû faire machine arrière alors que tous les équipements nécessaires au centre de prise en charge sont disponibles ». Le journal rappelle que ce centre devait être équipé de 20 lits et de respirateurs artificiels. Pourquoi cette résistance ? C’est très contradictoire, explique Frantz Duval. D’un côté, beaucoup d’Haïtiens restent incrédule face au coronavirus, ne croyant pas au risque létal de cette maladie. D’un autre côté, ils s’opposent à l’installation des centres hospitaliers dans leur voisinage, de peur d’être contaminés. Ce qui montre que beaucoup de gens ignorent totalement la réalité (contamination, transmission, etc...) de ce virus. Frantz Duval rappelle qu’un troisième centre d’accueil Covid-19 dans le pays ne fonctionne pas. Situé aux Gonaïves, il a été saccagé par des ambulanciers et urgentistes grévistes de l’Artibonite. Une action qui a suscité la consternation des autorités sanitaires. Selon Frantz Duval, les auteurs de cet acte de vandalisme sont des employés sous contrat. Ils réclament leur intégration et le paiement de plus de 40 mois d’arriérés de salaire. Des Haïtiens de retour de République Dominicaine C’est un reportage à lire dans le Nouvelliste de ce jeudi. Le journaliste s’est rendu à la frontière avec le pays voisin. Une frontière déjà marquée par une grande porosité. Mais en ces temps de coronavirus, cette donne provoque des inquiétudes. Plus de 60 000 Haïtiens ont quitté la République dominicaine, dont l’économie est à l’arrêt depuis le confinement décidé par les autorités. Une bonne partie de ceux qui rentrent en Haïti ne passent pas par les postes frontières officiels (les passages clandestins sont plus nombreux que des postes frontière officiels) et échappent donc à tout contrôle sanitaire. On ignore donc leur identité et leur état de santé alors que l’épidémie se propage de plus en plus en République dominicaine.
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