Gonaïves: une obscurité hallucinante, quel espoir pour la ville?
- Ret Enfòme
- 1 juin 2020
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 22 juin 2020

écrit par: Kattiana Jean
Cela fait des années que la ville des Gonaïves avait bénéficié d'une usine électrique dénommée centrale électrique Simon Bolivar .Dans le cadre de l'accord tripartite Venezuela-Cuba et Haïti , le gouvernement Vénézuélien avait fait un don à Haïti pour la contribution de 3 usines électriques dans le pays dont une aux Gonaïves qui fonctionne depuis le 15 décembre 2008. Cette centrale électrique, dans les années antérieures a été bien prise en charge par les autorités concernées et participait dans l'amélioration de la distribution du courant électrique dans la cité de l'indépendance. Nombreux sont les gonaïviens qui pouvaient témoigner à cette époque leur satisfaction car l'électricité était accessible et ils assistaient à des coupures électriques moins fréquentes .
Mais , aujourd'hui 11 ans et quelques mois après l'installation de l'usine électrique Simon Bolivar , la cité de l'indépendance est retournée complètement dans la même situation chaotique qu'avant.Se trouvant au fond du gouffre , nageant de plus en plus dans l'obscurité ,plusieurs zones n'ont droit qu'à quelques heures d'électricité tous les trois à quatre jours et pour d'autres sur une semaine ou plus . Une situation qui devient de mal en pire , malgré le fait que l'électricité est un élément de base pour favoriser le développement d'un pays . Tel n'est pas le cas pour Haïti . Aucun effort n'a été remarqué du côté de l'administration de l'EDH pour remédier à cette situation . Si au niveau technique,le rendement boiteux de certains moteurs , un retard d'approvisionnement (huile , mazout) handicapent le fonctionnement de l'usine au niveau administratif. La prise de courant clandestine et le refus de paiement des bordereaux de l'ED'H constituent entre autres des difficultés qui occasionnent de plus en plus ce rationnement drastique d'électricité .
Les gonaïviens critiquent l'irresponsabilité des autorités et aimeraient que lumière soit faite sur ce problème qui ne fait que perdurer.Pour Metellus Wilderson, cette crise d'électricité ne sort que de l'insouciance des responsables. Il expose de la sorte son point de vue :" Etant que jeune étudiant qui s'engage à se former afin de mieux servir son pays, je pense que c'est une consternation. Selon moi cette rareté d'énergie est due à la politisation de la centrale Simon Bolivar... C'est un manque total d'engagement de la part de nos dirigeants. Tantôt on nous dit qu'il y a un problème d'huile et de mazout..tantôt on nous fait croire qu'on effectue de la maintenance dans les moteurs pour mieux améliorer la productivité et ainsi permettre une distribution à l'amiable de l'énergie ".Ainsi se poursuit-il que cette rareté d’électricité paralyse presque toutes ses activités du point de vue socio-éducatif. " Parfois on est obligé de se référer dans certains bars et restos de la ville pour recharger nos smartphones et nos ordi-portables afin de finaliser certains devoirs ou projets ayant rapport à nos études. En plus du rationnement des plus drastiques, il y a ce phénomène de "desann brekè" qui cause vraiment problème. Des fois, pour leur bon plaisir il prive certaines zones de l'électricité. La route de l'ODPG prolongeant vers carrefour Lexis, Dolan et la plaine sont les principales victimes ". En plus de cela, en cette période de crise sanitaire mondiale, il mentionne que le confinement sans électricité n'est que le désarroi. " Et en cette période de confinement, où, on nous exige de rester chez nous, c'est vraiment la catastrophe. Il faut attendre tous les 3 jours pour bénéficier de quelques heures d'énergie. Parfois on franchit la barre de 5 jours sans électricité et sans pour autant savoir pourquoi. " ajoute-t-il.
Selon Daniel Jean, un gonaïvien, plusieurs autres faits sont à la base de ce blackout :" Vu la défaillance de certains moteurs, avec le temps, le rendement de cette institution diminue considérablement. 5 ans de cela, on consommait l'électricité pendant 18h jusqu'à 20h quotidiennement. Aujourd’hui on arrive à la trouver durant 8h et ceci une fois par semaine, ce qui exprime l'ampleur de la gravité de ce phénomène dans les villes des gonaïves. Statistiquement plus de zones extensionnelles et plus de gens consomment l’électricité gratuitement, il devient impossible pour l'ED'H d'alimenter sans relâche 2 de ces 4 circuits tous les jours et pendant plusieurs heures que d'habitude à cause de cette surpopulation et ce boom démographique. L'autre problème majeure est la situation sécuritaire du pays qui empêche aux camions transportant les carburants venant de la capitale d' approvisionner la centrale des Gonaïves." précise -t'il.
Pendant que la situation dégénère, pourrait-on toujours compter sur le soutien de l'Etat et l'administration de l'EDH pour éradiquer complètement ce problème? Cependant, la collaboration de la population est nécessaire, d'un côté en remplissant leur devoir celui de payer leurs bordereaux et, d'un autre côté d'éviter de se livrer à des prises clandestines
Tant de défis à relever pour mettre fin à la mauvaise gestion de l'usine. Il reste à croire que cette crise apparaît comme une opportunité pour les autorités de repenser leurs stratégies et profiter de remettre l'usine en bonne condition de service .
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